Le cairn de Goasseac'h, l'archéologie en chantier

Vorgium vous ouvre les portes de ce site néolithique unique en Centre-Bretagne, dont la fouille se poursuit chaque été.

Remonter le temps avec les archéologues 

En 2019, des sondages archéologiques révèlent au lieu-dit Goasseac’h, à quelques centaines de mètres à vol d'oiseau de Carhaix, la présence d'un cairn du Néolithique Moyen (-4500/-4300 ans av. n.-è.). Depuis, chaque année en août, des archéologues bénévoles venus de plusieurs pays participent à l’étude de ce vaste monument funéraire exceptionnellement préservé, malgré ses millénaires d'existence ! 

Le centre d'interprétation Vorgium propose en marge des fouilles des visites guidées par un archéologue et une journée portes-ouvertes avec de nombreuses animations tout public, dans le cadre des Rencontres préhistoriques de Bretagne.

La prochaine campagne de fouille aura lieu durant l'été 2024 !

6500 ans d'histoire

La « révolution Néolithique »

Maison Néolithique type "danubienne" (Laurent Juhel, Inrap)

Au début du 5ème millénaire av. n.-è., dans l’ouest de la France, l’Humanité se sédentarise et développe l’agriculture et l’élevage : c’est la « révolution Néolithique ». Les populations augmentent, s’organisent en sociétés, commercent. Des inégalités sociales apparaissent et une élite prend le pouvoir. L'accumulation de richesses se matérialise notamment par l'appartition du mégalithisme (construction et élévation de dolmens, menhirs, de cromlec'h), qui se développe à différents endroits du monde et particulièrement en Bretagne.

Les élites sont à associer aux grands monuments funéraires, dont la construction nécessite une main d’œuvre nombreuse. Le ou les défunts y étaient déposés au fond de chambres funéraires précédées de couloirs construits en grosses dalles de granite, que l'on appelle dolmen. Ce monument était ensuite recouvert par un tumulus, butte édifiée en terre (« tertre ») ou en pierre (« cairn »). Leur impact visuel sur le paysage est important. Certains cairns vont contenir plusieurs dolmens, être réaménagés et agrandis au fil du temps. 

A Goasseac’h, où le granit est inaccessible, les murs et les voûtes des chambres sont montés en pierres sèches, à l'instar  du grand cairn de Barnenez. Les constructeurs du Néolithique ont extrait leurs matériaux à quelques mètres du cairn, en exploitant des carrières de grès schisteux : le grauwake. Ils utilisaient comme outils bois de cerfs, pics en bois et bouchardes en quartz.


De la découverte à la fouille : près de 30 ans !

Repérée dans les années 1990, « l’anomalie topographique » de Goasseac’h est longtemps restée un mystère pour les archéologues. Les récupérations de pierres au Moyen-Âge et à l'époque moderne perturbent l’organisation interne à certains endroits du cairn. La partie sud est la mieux préservée. Au moins huit chambres funéraires y sont attestées, et la poursuite des fouilles en révélera certainement d’autres considérant les dimensions du monument : près de 90 m de long, 10 à 15 m de large : l’un des plus grands d’Europe.

Découvert sous l’effondrement d’une voûte, un gobelet en céramique type campaniforme (-2500/-2200) nous indique que le monument est resté fréquenté durant tout le Néolithique.

Cette première campagne de fouille triennale (2020-2022) a pour but de documenter la construction du cairn, de comprendre son architecture et son évolution dans le temps ; à le replacer dans son contexte local (paysage, habitats, carrières) et régional, celui de l’émergence d’architectures mégalithiques au 5ème millénaire av. n.-è., à la fois près des côtes et au centre de la Bretagne, où les découvertes de ce type sont très rares.

Les campagne 2021 et 2022 se sont attachées particulièrement à l’exploration d’une carrière et au dégagement du tiers sud du cairn, afin d'en caractériser l’architecture, le nombre de chambres funéraires et leurs états de conservation. 

Les recherches bénéficient des soutiens financier et technique du Ministère de la Culture, du Département du Finistère, de Poher Communauté et de la Ville de Carhaix.

La parcelle a été acquise en 2021 par Poher Communauté, avec le soutien financier du Ministère de la culture et du Conseil départemental du Finistère. L'enjeu de cette acquisition foncière est de pérenniser les recherches et, à moyen terme, de rendre le site accessible et d'en assurer la médiation, via le Centre d'interprétation archéologique virtuel Vorgium.