À toutes les époques, mais surtout pendant la Préhistoire et la Protohistoire, on a construit des bâtiments légers en bois et terre. Disparus, la photographie aérienne permet parfois de les révéler. Comment ?
I/Les hommes du Néolithique creusent dans le sol schisteux des trous de fondation : 1 m de diamètre pour 2 m de profondeur ! Ils sont destinés à recevoir les poteaux de bois qui formeront l’ossature du futur édifice. Les rangées de trois poteaux, les tierces, supporteront la charpente à double pente. De part et d’autre, on creuse des fossés latéraux pour implanter les parois du bâtiment.
II/Le bâtiment est en construction. On place la charpente puis la toiture végétale. Les parois du bâtiment sont constituées par des clayonnages disposés entre les pieux et enduits d’argile crue.
III/L’édifice est terminé. C’est la période d’occupation pure : une génération, parfois plusieurs sur certains sites occupés durant près d’un siècle.
IV/Le bâtiment est abandonné. La toiture, la charpente et les parois d’argile s’effondrent rapidement.
V/La végétation climacique (bruyères, genets, ajoncs, bouleaux, etc…) refait son apparition sur le site. L’édifice n’est plus visible en élévation. Seul un léger bombement du terrain marque encore l’emplacement des parois.
VI/Après quelques siècles… voire quelques millénaires, seuls les trous de poteaux et les fossés latéraux subsistent réellement, mais ils ne sont pas visibles au sol. Les remises en cultures favorisent alors la réapparition miraculeuse du bâtiment. À l’aplomb des trous de fondation et des fossés comblés, on note une pousse différentielle de la végétation et une coloration plus verte lors du mûrissement des céréales. La photographie aérienne peut alors révéler le plan de l’édifice où l’on reconnaît 5 groupes de 3 poteaux centraux et les 2 fossés latéraux de construction.
Pléchatel, La Hersonnais. Le bâtiment, découvert en 1989 par Gilles Leroux et photographié de nouveau en 1990 par Maurice Gautier, a été fouillé de 1992 à 1999 par Jean-Yves Tinevez. Il a 104 m de longueur pour 12 m de largeur, ce qui en fait l’un des bâtiments néolithiques les plus imposants d’Europe.